Andrew Grima (31 mai 1921 – 26 décembre 2007) était le designer anglo-italien connu comme le créateur du bijou d’art contemporain en Grande-Bretagne.
Il vécut là-bas depuis 1926, après un parcours scolaire classique il fit des études d’ingénieur, puis la seconde guerre mondiale Andrew Grima rejoint les Royal Engineers, servants en Birmanie avec la 7e division indienne de l’armée britannique.

Mais, regardons l’artiste sur l’étude d’une création avec, en main, une pierre et de l’autre un crayon, tel le dessinateur industriel, ou l’architecte, assis devant sa table à dessin, dont le plan très incliné, lui permet de visualiser son travail, et de l’imaginer terminé.

 

 

 

 

 


Sur le premier bijou, une bague bicolore, au visuel une anémone en or jaune absorbant une pierre, tel cet animal marin absorbant une bernique. Cette pierre peut être, une aigue marine de belle qualité, à la couleur soutenue, spécialement choisie pour satisfaire une clientèle exigeante et fortunée.
Quelques motifs rajoutés servent à sertir quelques petits diamants ronds. Cette construction, constitue la recherche de la matière.

 

Mais admirons cette broche « Tourbillon » spectaculaire avec en son centre, un beau grenat ou une rubellite, remarquez bien le graphisme dans la construction de ce bijou, que nous retrouverons dans plusieurs bijoux de Grima cette même façon de travailler l’or.
Le mouvement accentué par des bandes en or blanc ou platine (métal souvent employé à l’époque) serties de petits diamants ronds.

Je pense que la plupart de ses bijoux étaient réalisés en pièce unique, et il produisait peu de multiples. Tous les grands créateurs, prennent plaisir à s’exprimer par la création unique, le multiple, pour eux, n’est qu’une façon de rentabiliser une idée, réutiliser un modèle en l’adaptant aux désirs du nouveau client, avec une pierre différente, autre couleur d’or …

Une bague en forme jonc, à la structure d’une carapace de tortue, ou bien la représentation du grand Canyon, avec ses rivières sinueuses serties de petits diamants ronds.

 

Une broche en or amati et diamants ronds, cette broche semble représenter des épluchures de bois par la taille d’un crayon à papier, c’est une autre de ses techniques, toujours dans la recherche de la matière par le graphisme du naturel, puis dans la forme, tout est élégance et raffinement chez lui.

 

Une bague avec une pierre jaune de forme ovale, nature de cette pierre non précisée, des diamants et dont la monture est une construction savante de tout petits tubes, encore une autre technique chez Grima, dans la recherche de la matière, à savoir le graphisme par la répétition et l’accumulation de formes dans la construction.

Et puis, la broche « le sunburst » ( éclat du soleil ) nous restons toujours dans le registre « Grimalien » avec les rubis navettes soit environ 9.75 cts en totalité., avec au centre et sur les bords 32 diamants ronds environ 3.25 cts en totalité.

 

En 1951 Il reprit la boutique de son beau-père, joaillier fabriquant à Londres, c’est là qu’il concevait des pièces uniques utilisant pierres précieuses et minéraux.

Une bague, en or jaune, ressemblant à une corne d’abondance et selon le graphisme propre à Grima, cette monture avec ses trous, telle une structure en ruine, dont le vide à toute son importance, rompant l’évidence et apportant beaucoup de légèreté, elle se termine par une citrine et réhaussée, par des diamants ceci pour rajouter une touche d’éclat.

 

 

Sans connaitre Jean Vendôme, il a exactement la même façon de concevoir l’utilisation du diamant. A savoir que ces 2 artistes amoureux des pierres fines de couleurs et des minéraux, se servaient du diamant comme d’un accessoire, un éclat brillant ayant pour rôle de capter la lumière et la renvoyer comme des spots, soit des mimi flashs.

La famille Grima était artistique et créative : son père était un concepteur de broderie et les frères d’Andrew sont devenus architectes, aidant à concevoir son showroom londonien en 1966.

La bague est la plus intéressante à tous points de vue. Le motif principal est un groupement de cristaux naturels d’émeraudes. Cette bague, m’interpelle à tous points de vue, sa construction en tube creux dont la section est dans la forme d’un trèfle à 3 feuilles, pourquoi ? Je n’ai pas d’explication, c’est sa création, sa vision et c’est tout. Mais il faut l’avouer, Grima, ne fait pas dans la facilité, c’est sa façon de démontrer qu’il était capable d’exécuter avec autant de minutie et d’exigence tel le travail des anciens.

Sans doute fut il choqué par la recherche dans la facilité des jeunes créateurs en bijoux contemporain et lui, prouvant qu’il est un grand joaillier.

Une broche m’amuse, pourquoi faut-il faire simple lorsqu’il est si facile de faire compliqué ; ici il reproduit, les cubes de cristallisation de la dioptase. Cette complexité donne un des plus beaux effets, celui du souci du détail, la monture en or devient selon sa vision l’écrin de la pierre.

C’est la seule différence avec Jean Vendôme qui crée la monture la plus sobre possible, uniquement de quoi faire tenir les pierres. D’ailleurs, le joaillier n’est-il pas celui qui monte les pierres ?                  Vendôme et Grima, tous deux se mettaient au service de la pierre. Une splendide bague en forme de chevalière dont le corps est constitué par des petites boules et ces mêmes petites boules sont les griffes des diamants ronds. En son centre, une tourmaline rectangulaire pans coupés.

Sa montre est intéressante, car le mouvement secrètement inclus dans un énorme bracelet large, épais d’aspect mais creux, avec des bords fortement émoussés, est dévoilée par les 2 minuscules aiguilles de couleur noire.

Mais ce qui est incroyable, ce n’est pas la forme du cadran atypique, mais la matière du  » verre « , qui n’est pas du verre, mais une plaque découpée et taillée dans l’épaisseur d’une citrine, ceci démontré par la présence des zones de couleurs typiques chez les citrines et les améthystes.

La broche ci-dessus en or jaune sablé, rappelant les formes et traces laissées par les écoulements de l’eau après retrait de la mer à marée basse, les diamants, figurant l’humidité. Puis un sciage de tourmaline, dont le coté verdâtre, ressemble aux résidus d’algues vertes microscopiques.

En fait, Andrew Grima, est beaucoup plus un observateur de la nature, qu’un sculpteur imaginant une œuvre totalement abstraite.

La dernière broche de forme totalement libre est toujours dans le graphisme cher à Andrew Grima, avec des navettes en citrine et des diamants ronds.

Une bague dont le graphisme de l’or est vraiment complexe, tel le graphisme du bois brulé, une belle citrine, du plus bel effet. Une création de 1971, l’année où il ouvrit des magasins à New York et Sydney.

 

Une bague avec un corps constitué d’alvéoles évidées en or tels certains coraux, avec en son centre, une énorme citrine très madère, cela peut être aussi un grenat, une topaze ou bien une tourmaline ?

 

En 1986 Les Grima s’installent en Suisse, d’abord à  Lugano et en 1992 à Gstaad, où Andrew Grima vécut une retraite que nous souhaitons agréable et paisible.

Mon père, eut la charge d’écrire la partie bijoux dans l’encyclopédie Larousse, il choisit 6 noms parmi les joailliers contemporains qu’il trouvait intéressants et créatifs.

Alors qu’il ne les connaissait pas, et ne les rencontra jamais, il cita Gilbert Albert et Andrew Grima pour la qualité de leurs créations !

Andrew Grima était assez proche dans la création de mon père par divers points communs qu’on pourrait presque confondre certains bijoux, puis le même amour des pierres et des conceptions très précises et longues à réaliser. Il est également proche dans le visuel de l’œuvre de Gilbert Albert. Je pense qu’habitant ce petit pays qui est la Suisse, tous deux devaient se connaitre et peut être échanger des idées.

Cette maison prestigieuse est retransmise aux enfants, elle est toujours en activité avec la production de bijoux dans le pur style familial.

Il arrive parfois mais rarement de voir apparaitre des bijoux Andrew Grima à la vente à Drouot, mais presqu’inconnu par nos experts français, non seulement ces bijoux ne sont jamais estimés à leur juste valeur, mais les côtes restent malheureusement basses, la clientèle de l’hexagone, n’est pas vraiment au rendez-vous.

Un conseil pour les amateurs de beaux bijoux contemporains et de pierres de qualité, soyez à l’affut du poinçon anglais, et offrez-vous une création « Andrew Grima ».

Raphael VENDOME           1er février 2021

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« L’art né dans la contrainte, se meurt de trop de facilité »

                                                                             Jean VENDOME