par M.G Gueguin à Vannes
I / Visite du laboratoire HRD , par Monsieur Eddy Vleeschdrager
Président fondateur du Laboratoire de gemmologie le H R D – Hoge Raad voor Diamant (Haut Conseil de Diamant).
Le laboratoire HRD se situe à Anvers, capitale mondiale du diamant, depuis 1447, pour le négoce et la taille.
En entrant dans le laboratoire, à 10h, les Gradeurs étaient en pause. La fonction, de gradeur, est donnée au gemmologue qui travaille au laboratoire et qui donnera l’un des 4 Critères de qualification du diamant – Carat- Couleur- Clarté- Cut (la taille). Une pause est imposée toute les 2 heures pour garder la qualité de la vigilance optique.
Le laboratoire a plusieurs activités, la principale est l’expertise et la certification, puis l’éducation et l’équipement de matériel de détermination pour tous les types de diamant, le naturel comme le synthétique. Le processus est Anonyme pour être établit en complète impartialité.
Chaque diamant sera expertisé 2 fois, sur 2 parcours, l’un par l’homme et l’autre par la machine.
Ce n’est qu’à la fin du process que les résultats sont comparés.
Il existe plusieurs certificats, seule la couleur de ce certificat sera différente :
Bleu – Diamant Naturel
Rouge – Diamant naturel de couleur
Noir – Diamant traité
Vert – Diamant synthétique
Bleu Foncé – Diamant serti sur bijou- qui ne sera pas dé-sertit et dont le grade couleur sera donné entre 2 grades, exemple : couleur IF.
Le 1er objectif est de déterminer si le diamant est naturel ou de synthèse. Selon le résultat le travail et les étapes du gradeur sont les mêmes.
Première étape, chaque diamant est nettoyé par une plongée dans de l’azote liquide pour minimiser les vibrations électriques et thermiques.
Puis immédiatement les diamants sont analysés pour séparer ceux de type II A (sans azote), dont la différenciation est plus complexe, ces derniers nécessitent plus d’étapes pour être expertisés. Ces diamants type II A naturels et synthétiques passeront directement sous une autre machine, appelée N-Screen
– ( un complexe qui utilise la spectroscopie à infrarouge IRTF, la spectrométrie ultra violet à base température UV-PIR et la photoluminescence PLC) , machine que nous allons utiliser plus tard.
La pierre est placée dans une boite. Un code lui est attribué. Ce code sera renseigné à chaque étape de l’identification. Il sera gravé au laser sur le rondiste.
De plus, à chaqu’une des étapes de l’expertise, le diamant est pesé jusqu’à la 5éme décimale, parce qu’il n’existe pas 2 pierres avec un poids identique à 5 décimales près.
La Gradation pour la détermination des 4C :
• Le poids en carat jusqu’à la cinquième décimale.
• La couleur, est déterminée grâce à un étalon de diamant naturel de 0,20ct, de couleur de D à Z. Pour le diamant de couleur(le certificat rouge), leur teinte sera évaluée selon son intensité et selon les réactions aux UV.
• La clarté ou la Pureté, la recherche des inclusions et leurs localisations dans le diamant, dessus/dessous, en surface/intérieure. A la loupe grossissant 10 fois
• La taille, c’est l’observation des proportions , du polit et de la symétrie.
On peut aussi considérer qu’il existe un 5éme C, la Confiance pour la commercialisation et pour le laboratoire la Conscience (la morale éthique). Le diamant est scellé. Le certificat est imprimé sur un papier sécurisé et recyclé qui résiste à l’eau et aux déchirures.
L’attrait principale de notre visite, la détermination du diamant de synthèse.
La manipulation du N-Screen ou D-Tech du HRD ou du Diamond View de DeBeers.
Nous avons vu l’expertise uniquement de diamant de Synthèse CVD (Chemical Vapor Depositiondépôt chimique en phase vapeur).
Le diamant est sortie de sa boite codée. Il est placé dans une chambre noire. Le poids est de nouveau mesuré et donc contrôlé. 10 à 20 secondes plus tard, le scann de la pierre apparaît à l’écran sous un grossissement de 40 fois, le plus souvent.
Dans notre cas, on observe de nombreuses lignes de croissances courbes et une photoluminescence verte importante. Donc, nous sommes en présence d’un diamant de synthèse CVD.
La certification de ce diamant de synthèse CVD est faite, les 4 critères sont déterminés,
soit : 6,43ct ; D ; VS 1 ; Proportion : very good, poli : very good, symétrie : very good.
Pour un diamant de synthèse HPHT ( Haute pression haute température), la machine aurait montré le germe du diamant, qui laisse voir une forme cubique, losange ou triangulaire.
Même les plus petits diamants peuvent être identifiés.
Devant nous, en presque 2 heures sont passés 3 plateaux de 40 diamants, d’un poids supérieur à 3 carats, provenant d’un industriel chinois.
II/ Visite chez un Diamantaire
Monsieur Peter Herbosch, directeur de Laser Edge, Diamond manufacturing and consulting.
Un diamantaire est l’homme qui taille le diamant. Un diamantaire est aussi, l’homme qui négocie le diamant. Dans notre cas, Peter a ces 2 fonctions et en ajoute une 3éme. Grâce aux nouvelles technologie, il est consultant « manufactureur » de diamant.
Quel est ce nouveau métier ?
Peter reçoit le diamant brut. Il va le scanner, l’analyser selon tous les critère et établir son ADN. Cela lui permet de lui créer une véritable carte d’identité qui détaille la couleur, les éventuelles inclusions et la pureté. En parallèle, il interroge le marché.
Qu’elles sont les demandes ?
Une taille brillant ou Troïdia ? Un diamant taille brillant de 3 carats + 2 diamants tappers ? Un diamant de 5 carats, piqué 1 ?
Sur la photo, on observe le diamant brut de 6,500ct. l’ordinateur propose une taille brillant pour un poids de 5,463ct, ‘en bleu sur la photo). La zone marron/rose peut être exploité. l’ordinateur a plusieurs proposition, pour 0,988ct soit plusieurs tailles. Le point vert est l’inclusion très visible qui va disparaître.
Selon la demande du marché, la machine propose la ou les tailles finales. Cette taille peut être réalisée dans son atelier par sa taillerie au laser. Bien souvent, la touche finale est faite par l’homme qui apporte son regard expert. Cette nouvelle technique libère un gain de temps énorme. Quand il faut compter 2 à 3 semaines pour tailler par la main de l’homme un diamant de 3 carats, avec la machine il faut prévoir environ 10 heures.
Il a récemment taillé ou plutôt on devrait dire sculpté, dans un diamant noir, une tête de faucon de 860 carats.
III/ La visite de la bourse
Le « Diamant Club van Antwerp » le club des diamants d’Anvers, la plus ancienne bourse de diamant d’Anvers dans un quartier de 2 km² : le quartier du diamant.
C’est une grande salle en rez de chaussée dont l’exposition nord est vitrée pour avoir la lumière naturelle. Il y a la cantine traditionnelle. Puis affiché tout le long du murs opposé à celui de verre, il y a les annonces, les demandes, les disponibilités…
Nous apprenons que cette très grande salle est moins fréquentée, dû à la modernité numérique du négoce. En effet, il y a de moins en moins de numéraire en circulation. Les transactions se font dans les étages, dans des bureaux avec des accès internet, pour assurer les virements par transactions informatiques.
Mais les diamants sont toujours, vus, inspectés, manipulés et donc ils passent de mains en mains, oeil à oeil. Nous apprenons qu’à chaque manipulation, pour la nettoyer, le diamant est passé au « vitriole » ou comme ils le disent entre eux « à la Bouillotte ».
Dans cet univers, toutes les bourses de diamant du monde sont reliées entre elles. La confiance règne au sein du club. Toute transaction se conclue par une bonne poignée de main – « Mazal » qui veut dire : bonne chance – félicitation.
Chaque acteur sérieux appartient à une bourse, il est parrainé par un autre membre et parrainera quelqu’un à son tour.
Celui qui rompt cette confiance et qui trahit l’un des acteurs se verra attribué une sanction. Et ce, peu importe où le méfait a eu lieu. L’information circule très rapidement. Sur le murs de l’enceinte, la photo avec l’identité du malveillant sera affichée.
Son exclusion sera immédiate et mondiale, dans toutes bourses confondues. Anvers est incontestablement la place mondiale du diamant. Comme gemmologue, j’y suis allée pour apprendre et recevoir des techniques pour l’identification du diamant de synthèse. Avec les machines de laboratoire, cela est évident, mais en boutique il va falloir s’équiper. Je rentre avec plus d’infirmations mais aussi plus de doutes face à l’étendue grandissante de la technique. Je remercie Eddy Vleeschdrager pour sa disponibilité et son écoute.
Quelle chance d’avoir passé cette journée en sa précieuse compagnie.